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Grisone , premier écuyer des temps modernes

Au XVIe siècle, l'Académie de Naples acquiert une réputation telle que les écuyers de l'Europe entière viennent y chercher la connaissance d'un art nouveau. Naples se situait au carrefour de plusieurs traditions. Passée sous le contrôle des Byzantins peu de temps après la chute de l'Empire romain d'Occident, elle conservait l'héritage de l'Antiquité, en particulier l'héritage grec. Puis le royaume de Naples et Sicile est conquis par les Angevins avant de tomber au XVe siècle sous la domination aragonaise.

L'Espagne y importe le concurrent direct du Napolitano, le cheval ibérique, et l'équitation « à la genète », équitation de combat individuel élaborée au cours de la reconquête sur les Arabes. Le genetaire (du mot jinéta, lance courte portée par la cavalerie légère) protégé par une armure légère, savait tirer avantage des qualités de vitesse et de maniabilité de son merveilleux cheval, le genet. Il pratique des attaques toutes de rapidité au contraire des chevaliers du reste de l'Europe qui misent sur la puissance de choc. 

Par ailleurs, en Espagne et au Portugal, les tournois comportent des combats contre le taureau. Dès le XIIIe siècle, ces combats en champ clos sont codifiés et deviennent le rendez-vous de l'aristocratie qui y fait assaut de vaillance et d'apparat. Abandonnant peu à peu les armures, elle y pratique une équitation fondée sur le mépris du danger, sur la vélocité et la maniabilité du cheval. Le chevalier torée de près et s'entraîne ainsi à une forme de combat qui exige la maîtrise complète d'un cheval soumis aux arrêts et aux départs instantanés comme aux airs d'école. Ces airs d'école prennent d'autant plus de valeur qu'ils paraissent a priori inutiles face à la menace constante d'un animal d'une demi-tonne.

Torni per cavallo

 

Premier écuyer des Temps modernes, Grisone tire parti de cette évolution qu'il nous livre en 1550 dans son traité, L'Écuirie de Fed. Grison.Son cheval est soumis au manège de guerre, destiné au combat rapproché. Il répète dans un fossé dont le tracé enseigne à l'animal ses futures allées et venues sur l'ennemi, la fi gure que l'on nomme « passade ».
Le cheval est ensuite orienté vers les exercices de manège qui développent des sauts d'école . Leur apprentissage commence par des « pesades » dans lesquelles le cheval s'assoit sur les hanches, suivis de quelques ruades. La suite de ce dressage consiste à faire sauter le cheval en « capriole ». Enfi n, des « courbettes » défi nies comme des « pesadeshautes » se font en avançant, sur place, en arrière, de côté. Cette équitation allie le spectaculaire au nécessaire.

Fiaschi, l'équitation par la main seule
Son cheval est soumis au manège de guerre, destiné au combat rapproché. Il répète dans un fossé dont le tracé enseigne à l'animal ses futures allées et venues sur l'ennemi, la figure que l'on nomme « passade ».
Le cheval est ensuite orienté vers les exercices de manège qui développent des sauts d'école . Leur apprentissage commence par des « pesades » dans lesquelles le cheval s'assoit sur les hanches, suivis de quelques ruades. La suite de ce dressage consiste à faire sauter le cheval en « capriole ». Enfin, des « courbettes » défi nies comme des « pesades hautes » se font en avançant, sur place, en arrière, de côté. Cette équitation allie le spectaculaire au nécessaire.

Césare Fiaschi , gentilhomme de Ferrare, est contemporain de Grisone . C'est dans la ville de Ferrare, devenue sous les Este un très important foyer de culture, qu'il fonde en 1534 une académie. La première édition de son Traité de la manière de bien embrider, manier et ferrer les chevaux (1556) est « tournée en français » en 1564. La dédicace de l'édition italienne est adressée au roi de France Henri II. Passionnés de la nouvelle équitation, les derniers Valois l'adaptent aux besoins des carrousels et ballets de chevaux qu'ils substituent progressivement aux tournois après l'accident mortel de Henri II en juin 1559. François Ier et ses descendants montaient de splendides andalous dans un style élégant, avec un naturel et une discrétion qu'on ne retrouvera plus dans les portraits des rois de France. Assis sur des caparaçons brodés (de fleurs de lis naturellement), ils montent pratiquement sans jambes, sans contact direct avec les flancs de l'animal.

Henri IILes portraits équestres des Valois conservés au Louvre et au musée Condé de Chantilly plaident donc en faveur de l'équitation italienne, et semblent traduire en image les intentions de Fiaschi dont le traité contient déjà le « ramener », fondement de toute « vertu » et seule attitude qui permette de piquer l'ennemi de l'épée ou de la lance. Nous trouvons aussi le principe de la rectitude, le rassembler qui permet d'asseoir le cheval, l'idée que l'emploi de la douceur permet de développer la force et le courage des chevaux, la légèreté aux aides qu'il symbolise par le port d'une plume en place de la gaule. Ce dernier principe culminera dans la « descente de main », procédé propre à l'équitation française qui entend ainsi donner l'illusion aux spectateurs que le cheval manie de lui-même. Rappelons enfin que Fiaschi a introduit dans son traité des notations musicales pour tenter de restituer à l'image quelque chose du mouvement du cheval et du cavalier, la notion de cadence.

Pignatelli , aboutissement de l'équitation italienne

Giambattista Pignatelli , gentilhomme napolitain né vers 1525, appartient à la nouvelle génération d'écuyers formés à l'école des Grisone et des Fiaschi . On considère qu'il marque l'aboutissement de l'équitation italienne d'où sortirent les fondateurs des écoles de l'Europe entière. La Broue, qui admirait son savoir, s'était mis à son école parce qu'il rendait les chevaux obéissants et maniait justement et de si beaux airs sans se servir d'autre mors que d'un canon ordinaire. Dans son traité, il observe que ses règles et son expérience ont beaucoup plus d'effet que les procédés de ceux qui utilisent une infinité de brides « quand les plus beaux et principaux moyens de l'art leur manquent ». En France, à la suite de Pignatelli , les mors ne cessent de se simplifier en même temps que l'art perfectionne la recherche de la « légèreté ».

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