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L'École des chevau-légers et l'École militaire de Paris

La seconde partie du XVIIIe siècle est une période de profonde mutation.

L'invention de la charge de cavalerie par Frédéric de Prusse modifie complètement l'emploi des chevaux et relègue au second plan les finesses du dressage que nécessitait le combat individuel. Les académies royales créées à la fi n du XVIe siècle sont gravement frappées lors de la création par Louis XV en 1756 de l'École militaire de Paris, à laquelle s'adjoint l'école militaire de La Flèche (1764-1776), puis dix écoles militaires secondaires (1776-1793). Ainsi s'édifie un enseignement militaire.

En 1744, pour réparer le désastre de la bataille de Dettingen, le duc de Chaulnes, aidé par le comte de Lubersac, institue à Versailles une école pour les Chevau-Légers. Lubersac et Montfaucon sont les premiers écuyers militaires. L'un et l'autre sont à l'origine écuyers ordinaires de la grande écurie, Lubersac avant de devenir écuyer en chef à la compagnie des Chevau-Légers, Montfaucon , après y avoir été son élève .

C'est d'Auvergne, disciple de l'un et de l'autre dans cette compagnie, qui instaure une équitation simplement utilitaire. En 1756, lorsque s'ouvrent les cours de l'École militaire, c'est lui qui est nommé écuyer en chef à vingt et un ans. Il devait occuper cette position tout le temps de l'existence de cette école, jusqu'à sa suppression en 1788.

D'Auvergne abandonne les assouplissements académiques pour adapter l'équitation aux seuls besoins des troupes à cheval. En même temps, il modifie la position du cavalier, militaire appelé à faire de longues chevauchées, qui doit rester naturelle et aisée. L'objectif de ce grand artiste est la recherche constante du cheval droit . Les manuscrits de D'Auvergne possèdent peu de développements mais plusieurs de ses élèves ont été les interprètes de ses principes : Boisdeffre, Bohan et Ducroc de Chabannes.

L'École de cavalerie de Saumur

Après la « tourmente révolutionnaire » et les guerres napoléoniennes, l'équitation simpliste des sabreurs de l'Empire se voit récusée.

ecole de cavalerie

L’École de cavalerie. Au premier plan on reconnaît une brigade
de dragons et, à l’arrière-plan, une brigade de chasseurs à cheval.

 

Louis XVIII rouvre l'École de Versailles et restaure l'équitation civile.

Le vicomte d'Abzac, qui avait servi sous Louis XVI, reprend du service comme premier écuyer ordinaire à l'âge de soixante-dix ans jusqu'à sa mort en 1827, à quatre-vingt-trois ans. Sous sa direction, la régularité et l'élégance de la position, la finesse des aides, la douceur dans l'emploi des moyens de domination caractérisent l'École de Versailles qui rejette tout ce que le bon goût réprouve. L'équitation militaire est réorganisée à Saumur par le transfert en 1815 de l'École d'instruction des troupes à cheval de Saint-Germain, et prend le nom d'École royale de cavalerie à partir de 1825.

Les principes d'équitation de D'Auvergne pénètrent à Saumur en 1815, défendus par Ducroc de Chabannes. Mais un désaccord s'installe entre lui et Cordier qui impose les principes de Versailles. On est redevable à Cordier d'avoir introduit à Saumur le travail des sauteurs en liberté et dans les piliers.

Bien que réservés à quelques élèves doués, ces sauts servirent peu à peu à l'instruction afin d'éprouver la solidité en selle des soldats. Pratiqués dans un contexte qui n'était pas le leur, ils prirent à partir de 1847 la forme particulière qui fait encore aujourd'hui la renommée du Cadre noir .

À la querelle des académistes face aux principes de D'Auvergne s'ajoute la pression des modernistes sensibles à tout ce qui vient d'Angleterre, aux courses et aux pur-sang. C'est ainsi que deux écuyers, Aubert et Rousselet, se présentent comme continuateurs des traditions, tandis que d'Aure et Baucher apparaissent comme chefs d'école.

Formé par le très classique Louis-Charles Pellier, Aubert (1783-1863) est un des derniers tenants de la tradition de Versailles et des principes de Dupaty de Clam. Son remarquable Traité raisonné d'équitation (1836) rend compte du dernier état de l'équitation « ancienne » . En 1842, fort de l'expérience acquise au manège Vincent, dit manège des Dames, il publie une Équitation des dames. Aubert a formé les amazones romantiques si délicieusement croquées par Alfred de Dreux.

La même année 1842 voit le triomphe de Baucher montant Géricault au cirque après seulement vingt-huit jours de dressage, tandis qu'Aubert publie une brochure où il exécute le bauchérisme avec une froide férocité et un raisonnement implacable.

Rousselet tient une place à part . Ancien officier de la Grande Armée, il avait sabré d'un bout de l'Europe à l'autre. On le disait aussi doux avec ses chevaux que bienveillant avec ses élèves. Nommé sous-écuyer à l'École d'instruction des troupes à cheval rétablie en 1814 à Saumur, il continua d'enseigner à l'École de cavalerie durant trente-cinq ans. Il ne put, selon les dires du général L'Hotte et malgré son extrême habileté de praticien, faire valoir les idées de son maître Chabannes.

portraits euyers

d'Aure

Le comte d’Aure sautant un fossé. Peinture de
Ledieu, vers 1835. Saumur, Musée du cheval.

D'Aure et l'équitation d'extérieur

Élève du vicomte d'Abzac , le comte d'Aure lui succède en 1827 à la tête de l'enseignement donné au manège du roi. À partir de la suppression de l'école de Versailles en 1830, il donne à l'équitation une direction plus conforme au goût de l'époque férue d'anglomanie, d'équitation d'extérieur et de chevaux de course anglais...

D'Aure envisage l'équitation autrement que La Guérinière et invente des procédés qui provoquent et maintiennent la franchise des allures, développent la vitesse et rendent le cheval « perçant24 ». Il se préoccupe de saut d'obstacle, de chasse et de course et s'adresse au plus grand nombre plutôt qu'aux écuyers. Cette simplification, qui vise des résultats rapides, se limite aux actes nécessaires à l'emploi habituel du cheval avec, cependant, des principes pour guide et non pas seulement l'expérience du cheval. Elle a été appelée « équitation instinctive régularisée ».

En 1847, d'Aure prend le commandement du manège de Saumur. En 1853, son Cours d'équitation, adopté officiellement, est enseigné à l'École de cavalerie et dans les corps de troupes à cheval. Il remplace le Cours d'équitation militaire de Cordier en vigueur depuis 1825.

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Résumé chronologique en vidéo